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Genève

Architecture
Organisation météorologique mondiale

En 1993, les architectes Rino Brodbeck et Jacques Roulet présentèrent le projet Chic Planète au concours de l’OMM pour la conception d’un nouveau siège. Soumis à des contraintes budgétaires et géographiques - le site étant une étroite bande de terrain délimitée par des routes et une voie ferrée entre plusieurs immeubles - ils durent créer un environnement de travail efficace et économe en énergie, qui réponde aux besoins du personnel.

Mais le centre de gravité du projet, son parti véritable réside dans la façon de traduire sur le plan architectural et constructif la vocation même de cette organisation internationale. Autrefois occupée par l’observation et la recherche météorologique, aujourd’hui la mission de l’Organisation mondiale de météorologie est au centre de l’un des enjeux planétaires majeures. Coordonner, surveiller et prévoir, à l’échelle globale, les phénomènes météorologiques et les changements du climat mondial et gérer les ressources en eau, de façon à améliorer les conditions de vie de l’humanité tout entière. Une mission qui deviendra le véritable concept générique du projet : maîtriser les conditions climatiques du bâtiment et la consommation énergétique par des techniques compatibles avec la protection de l’environnement. Dès lors les architectes développent leur stratégie d’optimisation environnementale fondée essentiellement sur le contrôle des échanges énergétiques.

L’aluminium, le verre, la pierre et le béton sont les principaux matériaux qui ont servi, moyennant un délicat dosage, à concilier une luminosité maximale et une maîtrise optimale du facteur thermique. Le bâtiment dispose de son propre générateur à gaz, ce qui permet de le déconnecter du réseau national pendant les périodes de pointe quotidiennes, où le prix de l’électricité est plus élevé. Il utilise des puits canadiens, aménagés dans les fondations du parking et reliés aux différents étages par le biais des éléments porteurs du bâtiment principal. L’air froid est aspiré et se réchauffe au fur et à mesure qu’il monte. Ce processus naturel de transfert thermique permet de maintenir à l’intérieur du bâtiment une température optimale, qui varie de 20 à 26 °C.

L’incorporation d’un système de ventilation à double flux dans les piliers porteurs est à la fois esthétique et avantageuse sur le plan financier, puisqu’elle rend superflue l’installation de faux plafonds et ne porte pas atteinte à l’intégrité structurelle du bâtiment. Les doubles planchers installés au rez-de-chaussée contribuent en outre à améliorer l’acoustique. Les économies résultant de l’absence de faux plafond et de faux plancher ont permis de mettre en place une double façade novatrice, qui fait fonction d’enveloppe protectrice autour du bâtiment. Cette double façade tient lieu de gaine thermique et isole le bâtiment des aléas climatiques propres aux régions montagneuses. Elle constitue un compromis subtil entre chaleur et lumière.

Le bâtiment est conçu comme une synthèse organique entre l’intérieur et l’extérieur, le contexte et la fonction. Les contraintes rigoureuses afférentes au site ont imposé une orientation est-ouest du bâtiment, les façades étant de ce fait exposées, au nord, au vent glacial des montagnes et, au sud, à l’éclat éblouissant du soleil. C’est pourquoi les baies vitrées de la façade extérieure nord restent fermées en permanence, de façon à assurer une isolation adéquate.

La façade extérieure sud est quant à elle constituée de panneaux qui peuvent s’ouvrir et se fermer. La totalité de la façade a été recouverte d’un revêtement spécial destiné à réduire l’absorption du rayonnement ultraviolet. En outre, du côté sud, les vitres ont été renforcées de façon à diminuer la luminosité de 40 pour cent. Compte tenu des particularités de la conception et de la composition de la façade sud, 17 pour cent seulement de la chaleur solaire pénètre à l’intérieur du bâtiment. De plus, du fait que toutes les fenêtres intérieures peuvent s’ouvrir, chaque occupant est en mesure d’obtenir les conditions qui lui conviennent le mieux.

La double façade constitue également un système de ventilation efficace, qui complète les puits canadiens. Ce système comprend en outre un ventilateur automatique qui fonctionne la nuit durant les chauds mois d’été. Pendant la période la plus fraîche de la journée, c’est-à-dire entre minuit et l’aube, l’air frais en provenance du sous-sol est aspiré dans les cages des escaliers de secours placées au milieu du bâtiment, puis rejeté à chaque étage par le biais de vasistas qui s’ouvrent automatiquement. L’air circule ainsi dans le bâtiment et la température des espaces de travail est ramenée à un niveau optimal avant la reprise des activités le matin.

L’exploitation inventive de la lumière naturelle constitue l’une des nombreuses innovations de l’architecture dite « moderniste ». La lumière pénètre à l’intérieur du bâtiment avant d’être réfléchie par les vastes parois gris clair de la zone centrale. Les murs intérieurs des bureaux sont en verre, ce qui permet de limiter l’emploi, peu agréable, de la lumière artificielle. Le système d’éclairage est piloté par une série de détecteurs de mouvement. La dépense d’énergie est en outre ajustée afin de tenir compte de la lumière naturelle disponible, ce qui permet d’obtenir un éclairage équilibré et constant à moindres frais. Les détecteurs sont entièrement automatiques. Quant à l’éclairage, il est assuré par des ampoules à économie d’énergie.

À l’intérieur, chaque étage courant s’organise autour d’un seul espace central de distribution dont la perspective fuyante est délimitée par les pans de verre des parois des bureaux, situés tout autour en front de façades. La transparence des parois offre au regard les perceptions entrelacées des espaces intérieurs et des paysages environnants. Et au sommet, depuis le restaurant ceinturé de terrasses, une vue panoramique place le bâtiment au milieu du bassin genevois : le lac, les parcs, la ville, la chaîne du Jura et le massif alpin.

Le bâtiment de l’OMM est une réalisation à la fois pragmatique et emblématique, qui illustre la manière dont les dernières découvertes scientifiques permettent de trouver des solutions adaptées aux particularités géographiques. C’est aussi un symbole de l’attachement de l’OMM à la protection de l’environnement et à l’exploitation rationnelle de l’énergie.
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